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La « mauvaise herbe » : mal aimée mais essentielle

Il n’existe ni définition de la « mauvaise » herbe, ni de caractéristiques précises. Et pourtant, il existe de nombreux produits pour lutter contre elle et l’éliminer. C’est un peu comme si c’était un ennemi commun à tous, mais que personne ne la connaissait vraiment. Mais alors, qui est cette plante adventice ? Et est-elle si mauvaise qu’on le dit ?

Au mauvais endroit, au mauvais moment ?

Sauvage et effrontée, la « mauvaise » herbe n’attend pas d’invitation pour pousser. Elle s’installe spontanément chez vous, un point c’est tout ! Vous craignez alors, comme la plupart des jardiniers et des agriculteurs, qu’elle n’entre en concurrence avec vos plantes, celles que vous avez soigneusement sélectionnées, plantées et chéries.

Mais quand on y réfléchit, si elle avait choisi de pousser dans une prairie, un sous-bois, ou sur le bord d’un chemin, elle ne vous aurait posé aucun problème. Vous l’auriez peut-être même admirée. Alors peut-être n’est-elle pas si « mauvaise » que ça, après tout. C’est juste que l’endroit qu’elle a choisi pour pousser ne vous arrange pas et que vous n’avez pas prévu le même timing tous les deux.

De plus, les « mauvaises » herbes sont la plupart du temps des plantes indigènes, de la région. Donc, finalement, quand on y réfléchit bien, c’est peut-être vous qui vous êtes invité(e) chez elle, sur son territoire naturel !

Les « mauvaises » herbes, indicatrices de la qualité du sol

Les herbes sauvages sont de précieux bio-indicateurs. En effet, elles sont représentatives du milieu naturel dans lequel elles évoluent et révélatrices des caractéristiques écologiques d’un sol.

Sol sableux, argileux, limoneux… chaque « mauvaise » herbe a ses préférences. Ainsi, par exemple, la présence de prêles des champs (Equisetum arvense) dans votre jardin indique que votre terre est certainement lourde, humide et acide alors que le développement du lamier pourpre (Lamium purpureum) montre que votre sol est plutôt calcaire.

La présence du Datura stramonium révèle que votre sol est probablement pollué.

Ainsi, en observant les adventices qui poussent spontanément chez vous, vous en apprendrez beaucoup sur la nature de votre sol, la qualité de votre terrain et sur les plantes les plus adaptées.

Datura stramonium
Lamium purpureum

Mauvaise herbe pour les uns, trésor de biodiversité pour les autres

Dans une logique de biodiversité, les « mauvaises » herbes n’existent pas car chaque plante sauvage participe à l’équilibre naturel d’un milieu. Et votre jardin, à son échelle, est un véritable microcosme où la faune et la flore se côtoient et se soutiennent. C’est un écosystème où évoluent de nombreux insectes, dont les précieux pollinisateurs.

Ainsi, en acceptant une végétation spontanée et quelques herbes sauvages dans votre jardin, vous contribuez à préserver l’environnement. Voire, à le favoriser.

À plus grande échelle, et dans cette même logique, des chercheurs de l’INRAE ont récemment lancé le projet de recherche Disco-Weed. Ce programme vise à étudier le rôle clé des adventices dans les agroécosystèmes. Le but étant de concilier production agricole, présence de plantes adventices et préservation de la biodiversité.

L’étude souligne les multiples fonctions écologiques des adventices : elles favorisent la pollinisation, le contrôle des ravageurs, la biodiversité et la fertilité des sols.

Longtemps décriées et éliminées à grands coups de désherbants, les adventices reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène végétale et reconquièrent nos jardins et nos paysages. Mais, n’ayez crainte, car les « mauvaises » herbes n’existent pas !

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Sources :

  • Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences

  • Le Monde
  • FRB