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Le jardin punk : « No future » pour les plantations au cordeau ?

Depuis 2018, la notion de jardin punk commence à faire son chemin et à trouver ses adeptes. Cette idée est sortie tout droit de l’esprit rebelle du paysagiste français Éric Lenoir. Dans son livre intitulé Petit traité du jardin punk, l’auteur s’affranchit des règles et fait l’apologie de la liberté au jardin. Il bouscule la rigidité des codes du paysagisme classique pour proposer des pistes plus spontanées et variées. Bien plus qu’un simple pied de nez aux jardins à la française, le jardin punk est une ode au lâcher-prise et à la biodiversité.

Un jardin punk, c’est quoi ?

Le mot punk laisse à penser que c’’est l’anarchie qui règnera dans votre jardin si vous succombez à l’appel libertaire du jardin punk. Mais il n’en est rien. L’idée est certes de laisser plus de liberté à la nature et de favoriser la biodiversité, mais aussi de continuer à profiter de cet espace. Ainsi, le jardin punk reste un jardin dans le sens où il continue de remplir une fonction pour son usager.

Il s’agit donc davantage d’observer votre jardin pour en apprécier son évolution naturelle plutôt que de chercher continuellement à le maitriser. Par exemple, au printemps, laissez une partie non tondue de votre terrain. Vous verrez des fleurs apparaître, puis des insectes pollinisateurs, puis des oiseaux… Bref, vous contribuerez à votre échelle à recréer un équilibre naturel chez vous.

Évidemment, cela suppose d’accepter que votre jardin ne soit pas tiré à quatre épingles et taillé au cordeau avec rien qui dépasse. Pas si simple ! En effet, les habitudes, la pression culturelle et le regard des autres nous poussent à sortir nos outils de tonte et de coupe dès que le printemps arrive. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Éric Lenoir a sous-titré son livre « Apprendre à désapprendre ».

Quels sont les atouts du jardin punk ?

En plus de favoriser la biodiversité, le jardin punk est facile à faire et ne nécessite pas beaucoup d’argent ou de temps. Au contraire, vous allez en économiser. Eh oui, pensez à toute cette énergie que vous auriez déployée pour tondre ! Avec humour, Éric Lenoir n’hésite d’ailleurs pas à reconnaître lui-même une petite part de fainéantise dans son projet.

Plus sérieusement, le jardin punk a pour principaux avantages d’être facile à entretenir, résistant voire autonome. En effet, selon toutes logiques, les plantes qui poussent spontanément dans votre jardin sont naturellement plus adaptées au milieu dans lequel elles évoluent et nécessitent donc moins de soins.

Comment adopter la punk attitude au jardin ?

Dans un premier temps, ne faites absolument rien.

N’intervenez plus dans votre jardin, puis observez ce qui s’y passe. Repérez les plantes qui s’y plaisent et essayez de comprendre pourquoi. C’est le bon moment pour faire le point sur les différents types de sols qui composent votre jardin et sur les zones ensoleillées, ombragées ou humides.

Profitez-en également pour redonner plus d’espace à la nature en dégageant des zones pavées ou bétonnées.

Dans un second temps, lâchez-vous !

Oubliez les règles, les codes et les lignes droites et jardinez à l’instinct. Libérez le ou la rebelle qui est en vous ! À termes, ce qui peut vous sembler chaotique aujourd’hui apportera demain un nouvel équilibre à votre jardin.

Au-delà de son côté provoc’, la punk attitude pourrait bien débrider les novices qui n’osent pas se lancer dans le jardinage par peur de mal faire. Cette idée insuffle un vent de liberté qui décomplexe le jardinier, punk ou non. Comme pour confirmer cette tendance, les initiatives se multiplient dans le monde entier. C’est le cas notamment au Royaume Uni avec la campagne No Mow May, qui encourage les jardiniers à ne pas tondre leur pelouse durant le mois de mai. Ou encore en Belgique, où l’Université du Mons a lancé le premier Jardin Punk Challenge.

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► L’ouvrage PETIT TRAITÉ DU JARDIN PUNK d’Éric Lenoir (Édition Terre Vivante), paru en 2018 a reçu le prix St Fiacre 2019.

Ce prix est décerné par l’AJJH (Association des Journalistes du Jardin et de l’Horticulture).

LE GRAND TRAITÉ DU JARDIN PUNK, du même auteur (Édition Terre vivante) est paru en novembre 2021. Il s’agit d’un méthode explicative du jardin punk.